Les banques européennes, aux prises avec peut-être quelque 5 000 milliards d’euros de mauvaises dettes, ont commencé ces jours-ci leur descente dans l’abysse d’un nouveau crash bancaire couvrant l’ensemble de l’eurozone.
Selon les délibérations du Comité de politique monétaire de la Fed américaine du mois d’avril, rendues publiques le 16 mai, plusieurs membres siégeant au Comité avaient déjà commencé à s’agiter pour que la Fed prépare une nouvelle vague d’achat d’actifs si jamais les banques de l’eurozone continuaient à voir leur situation s’aggraver.
Celle de JP Morgan Chase aux Etat-Unis s’est entre-temps déjà dégradée, avec la croissance des pertes liées aux prises de position de la banque de 100 milliards de dollars sur les marchés de Londres. Plusieurs sources financières ont confié au New York Times que les pertes de JPM/Chase, s’élevant à l’origine à 2 milliards de dollars, s’étaient alourdies jusqu’à 3 sinon 4 milliards. Le PDG avait estimé que les pertes « pourraient doubler au cours des deux prochains trimestres », mais le doublement a eu lieu sur une période de 4 jours d’activité seulement, en chemin vers une vingtaine de milliards de pertes au total.
En Espagne, Bankia, qui avait été nationalisée il y a seulement deux semaines, est en chute libre, ayant perdu 1 milliards d’euros de dépôts, ainsi que 30% de la valeur de son action en quelques jours. L’agence Moody’s a rabaissé la note de 16 grandes banques espagnoles de plusieurs crans, ainsi que celle de Santander UK PLC, la branche londonienne de Banco Santander SA en Espagne.
Le Premier ministre Mariano Rajoy a averti que l’Espagne pouvait, comme la Grèce et l’Irlande, se trouver dans l’impossibilité de soulever les fonds nécessaires sur les marchés, après que les taux sur la dette à dix ans aient largement dépassé la barre des 6% jeudi, atteignant 6,335%.
En Grèce, les quatre plus grandes banques ont subi une saignée de 1,3 milliards d’euro sur deux jours, sous la forme de retraits de dépôts, forçant le gouvernement intérimaire à débloquer 18 milliards d’euros pour les « recapitaliser ». Celles-ci avaient été privées, à la demande du FMI et des puissances financières européennes, des services de liquidité de la BCE, de manière à forcer les Grecs à voter dans la « bonne » direction lors de la prochaine élection législative, prévue maintenant pour le 17 juin.
Des sources rapportent que le sommet du G8 sera entièrement consacré à la situation bancaire européenne, où Barack Obama est censé dispenser ses ordres, en particulier à la chancelière Angela Merkel pour maintenir la zone Euro à tout prix.
Pourtant, comme le rapporte Le Nouvel Economiste dans un article exhaustif consacré à Glass-Steagall, « l’idée, façon Glass Steagall Act de 1933 aux Etats-Unis, consistant à séparer les volatiles activités de marché de la tranquille banque de détail aurait du sens en période de marasme financier » (…) et « encore plus de sens depuis que la Grèce, en fuite sur une mer déchaînée après les élections qui ont fait imploser la coalition au pouvoir, fait à nouveau peser une énorme pression sur les banques européennes. »
Effectivement, la seule manière de résoudre le problème serait de faire adopter une réforme de type Glass-Steagall dans les pays européens et aux Etats-Unis simultanément, en assignant les obligations d’Etat aux banques d’affaires et en réorganisant la dette de pays comme la Grèce pendant que l’on protégerait les dépôts du côté des banques de dépôts et de crédit.
Quant au « volet croissance » défendu par François Hollande, celui-ci n’a de sens que s’il implique l’annulation d’une grande partie de créances illégitimes et la mise en place d’un système de crédit productif publique capable de remplacer la doctrine monétariste des dernières décennies, couplée à une politique de grands projets d’infrastructure capable de transformer la donne dans le domaine de « l’économie physique ».
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