Voici un article tiré de la lettre hebdomadaire Strategic Alert du 6 juin 2013 et abordant le scandale extraordinaire du “renflouement interne” qui se prépare à être mis en place.
Le sort imposé aux déposants espagnols le 28 mai est celui réservé à tous les Européens, le moment venu. Ce jour-là, des déposants de Bankia ont perdu des millions d’euros lorsque les actions qu’ils avaient reçues à la place de leur épargne ont été mises sur le marché, pour voir leur valeur chuter aussitôt de 50 % ! La méthode du « bail-in » (renflouement interne) utilisée pour Bankia sera la règle dans toute la zone euro si l’Union bancaire et l’un de ses piliers, le régime de résolution bancaire, sont adoptés. Le 29 mai, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont précisé dans une déclaration conjointe leur volonté d’assurer la mise en place de l’Union bancaire d’ici 2014.
Le gouvernement allemand a insisté sur une autorité de résolution nationale, à la place de la Banque centrale européenne, afin de pouvoir la présenter comme une importante concession, à la fois aux électeurs et à l’Association des caisses d’épargne, qui a lancé une campagne dans les médias pour faire connaître son opposition à l’Union bancaire.
En revanche, Berlin n’a pas de problème avec le régime de « renflouement interne », qui figure aussi dans le projet de loi qu’il a fait adopter à la mi-mai. Ainsi, les citoyens allemands peuvent s’estimer heureux que leur épargne sera confisquée pour renflouer Deutsche Bank, mais pas la Société Générale ! Peu à peu, les électeurs européens commencent à comprendre la combine.
Grâce aux informations diffusées par notre lettre et d’autres publications associées à Lyndon LaRouche, entre autres, il est de plus en plus reconnu que la « résolution bancaire » et l’Union bancaire de la zone euro sont simplement un moyen de plus de sauver les spéculateurs avec l’argent des citoyens.
Cela est manifeste dans le texte adopté le 21 mai par la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen qui ira au Conseil européen pour approbation après le vote dans l’hémicycle. Ce texte a révisé un peu le projet soumis par la Commission européenne le 6 juin 2012… mais pour le pire. L’ECON exclut du bail-in encore plus de catégories d’actifs financiers à haut risque, comme les produits dérivés sur obligations sécurisées. Et si elle a rejeté le recours aux Fonds de garantie des dépôts nationaux, elle a retenu le paragraphe décisif autorisant l’Autorité de résolution à exclure du bail-in toute catégorie d’actifs et de passif financiers dès lors que leur inclusion aurait « des effets négatifs importants sur la stabilité financière ».
Lors de la session plénière du parlement de Strasbourg, le texte approuvée par l’ECON pourrait en principe être modifié. Toutefois, le pouvoir du lobby bancaire à Bruxelles et Strasbourg est énorme, comme on l’a vu dans la lutte sur la séparation bancaire au sein de cette même commission ECON.
Le 10 juin, celle-ci doit se prononcer sur des amendements à une proposition de loi présentée par Arlene McCarthy. Alors qu’elle n’appelle même pas à une séparation stricte de type Glass-Steagall, se contentant d’un meilleur « cloisonnement » des activités, le lobby bancaire a obtenu de certains membres du Parlement qu’ils déposent plus de 400 amendements pour la rendre encore plus inoffensive. Quelques membres indépendants de l’ECON, dont Claudio Morganti (Italie) ou Hans-Peter Martin (Autriche), ont déposé des amendements en faveur d’un système Glass-Steagall et pour l’éclatement des banques « trop grosses pour faire faillite ».
Comme l’a fait remarquer Helga Zepp-LaRouche, le système bancaire est au bord de l’effondrement, mais M. Hollande et Mme Merkel ont préféré « danser le tango sur un volcan », c’est-à-dire le système financier. La fuite des investisseurs en dehors du dollar américain en raison de l’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale en est un signe. Goldman Sachs et d’autres ont pris des positions courtes sur les obligations américaines, comme ils l’avaient fait au début de l’éclatement des subprime .
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