Le 7 mai 1824, il y a 195 ans, Beethoven dirige en personne la première exécution de sa 9ème symphonie devant la salle comble du théâtre Kärtnetor. C’est le fameux épisode où le compositeur, tournant le dos au public, totalement sourd, les yeux fermés tout en suivant intérieurement son œuvre, continue de battre la mesure alors que l’orchestre s’est arrêtée depuis quelques secondes. Il n’entend rien de l’enthousiasme délirant qui s’est emparé du public avant que la soprano soliste ne le fasse se retourner …
Cet article se base une présentation faites en 2014, dans le cadre de journées de formation de Solidarité et Progrès. Elle se proposait de dresser un parallèle entre créativité scientifique et artistique, en montrant que toutes deux puisent à la même source.
Alors pourquoi étudier Beethoven dans une période troublée où nos concitoyens ont bien d’autres chats à fouetter ? Et bien parce que Beethoven était sans doute le plus révolutionnaire des compositeurs, non seulement en tant que contemporain très concerné par les Révolutions américaine et française de cette seconde moitié du 18ème siècle, mais parce qu’il était l’un des rares à avoir le sens de comment toucher et éveiller la créativité de la population afin qu’un “grand moment de l’histoire n’échoit pas à des peuples petits” (pour paraphraser Schiller).
Les 250 ans de sa naissance que l’on s’apprête à fêter en 2020 nous offriront une excellente occasion d’aller puiser à la source de sa pensée. Et puisque le grand Ludwig est né un 16 décembre 1770, nous ne pouvions refuser le prétexte de prendre de l’avance sur les commémorations à venir, tout en lui souhaitant pour son anniversaire que son œuvre soit aussi une source d’inspiration pour tous ceux qui ne veulent plus courber l’échine face à une oligarchie financière criminelle.
I. Ouverture
Jouer du violon, laisser courir son imagination et … découvrir la Théorie de la relativité, est-ce bien sérieux ? Pour Albert Einstein, grand admirateur de Mozart et de Bach, violoniste amateur adorant improviser sur son instrument ou au piano, la réponse est oui ! Il chérissait particulièrement Mozart et Bach dont les œuvres ont profondément imprégné, nourri son imagination ; question d’affinité entre cette musique et son propre processus de pensée.
Walter Isaacson, l’un de ses biographes, présente ainsi son rapport à la musique : « La musique ne se réduisait pas à un simple divertissement. Au contraire, elle l’aidait à penser. ”Lorsqu’il se sentait dans une impasse ou confronté à une difficulté dans son travail, il se réfugiait dans la musique ce qui résolvait habituellement toutes ses difficultés’ disait son fils Hans Albert, ”il jouait souvent du violon tard le soir dans sa cuisine, improvisant tout en réfléchissant à des problèmes complexes. Puis, soudainement, alors qu’il était en train de jouer, il s’écriait plein d’excitation, ‘j’ai trouvé!’ Comme si la réponse au problème lui était venu par inspiration en plein milieu de la musique”. »
Grâce à sa mère, Einstein enfant baigne dès sa tendre enfance dans ce que la musique classique a produit de plus beau. Mais il n’y a pas que la sonate pathétique de Beethoven à l’écoute de laquelle il est en extase, il y a aussi, Schiller, Heine, Goethe, Shakespeare … Ce sont bien les plus éminents artistes qui introduisent et guident le petit Albert dans le monde de la pensée. Pour lui, la séparation entre musique et science n’existe pas, pas plus qu’elle n’existait avant que n’apparaisse, dans un même élan, l’irrationalité du mouvement romantique et l’introduction d’une séparation aussi artificielle que mortifère entre sciences de l’esprit et sciences de la nature.
L’anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République s’est évidemment accompagné d’une kyrielle d’articles tentant de définir un premier bilan. A leur lecture, les qualificatifs “monarchique”, “jupitérien”, “napoléonien” reviennent en boucle pour désigner un homme que la colère, l’inquiétude et la frustration de ses concitoyens semblent laisser de marbre.
D’autant que, dans l’attitude mûrement réfléchie d’Emmanuel Macron, dans l’expression des changements provoqués par un an de pouvoir, apparaissent ces traits de dureté, d’orgueil et d’insensibilité propres aux personnalités inclinées à nourrir le culte de leur personne envers leurs adorateurs. Pour ne rien arranger, certaines déclarations extravagantes de ses proches (Marlène Schiappa, Christophe Castaner pour n’en citer que deux) laissent craindre qu’au plus haut de l’Etat, on ne commence à perdre la tête. Ces caractéristiques, dont la dimension cultiste pourrait n’être que tragi-comique en d’autres circonstances, sont tout de même suffisamment marquées pour m’avoir irrésistiblement évoqué, venant de cet homme qui se veut habité par un destin grandiose, le texte remarquable de Simone Weil où elle traite des origines de l’hitlérisme (sic). Elle y aborde les deux périodes historiques où la France a fait – par la force et sur une base des plus contestables - la pluie et le beau temps dans le monde, emmenée par des chefs d’Etat qui pensaient que la grandeur signifiait écraser les autres.
Bien sûr la France d’aujourd’hui est très éloignée de tout cela. Dans la situation de faiblesse où une classe dirigeante incestueuse, médiocre, bornée et mesquine l’a portée en la forçant à une soumission volontaire à des intérêts qui ne sont pas les siens, elle n’a dans la période actuelle plus rien à dire et à apporter au monde. Mais là, n’est pas le point. Au delà d’un contenu très polémique, Simone Weil mets le doigt sur les ravages résultant d’une conception abusive de l’autorité. Dans notre longue histoire initialement dominée par un système de gouvernement monarchique, tantôt bienveillant, tantôt catastrophique, l’autorité du “souverain” n’est-elle pas comprise comme tirant sa légitimité du peuple qui consent à être gouverné? Car, même les rois ne pouvaient exercer leur pouvoir qu’avec le consentement des gouvernés, sous quelque forme qu’il s’exprimait. Aujourd’hui, le peuple souverain transfère au chef d’Etat, par son vote, le droit et le pouvoir de le gouverner en son nom et au nom des principes inscrits dans la Constitution.
A ce titre, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que la légitimité électorale d’Emmanuel Macron est des plus étroites du simple fait qu’un très grand nombre de citoyens ont voté pour lui par défaut, d’où: autorité légale mais manque de légitimité…
Revenons à Simone Weill. Elle touche ici un nerf sensible pour la France (ce qui peut à soi seul expliquer que ce texte ne soit pas très connu) et, même sans partager tout de son jugement, la philosophe aborde un point crucial en ce qu’elle y décrit une idéologie qui a prévalue à certains moments de notre histoire et dont nous payons encore aujourd’hui le prix: la fausse grandeur et ses corollaires, la cour et l’esprit de cour. En ce qui concerne l’esprit de cour, la bassesse qu’il a induit a durablement corrompu le cœurs et les esprits dans notre pays et continue de le faire. En ce qui concerne la fausse grandeur, elle existe en proportion inverse de la vraie grandeur, celle qui valait à la France l’amitié et l’admiration des autres peuples. Si la maladie, dont elle est le symptôme est un jour traitée, alors on pourra espérer une véritable renaissance pour notre pays.
Permanence et changements des caractères nationaux
par Simone Weil, tiré des Ecrits historiques et politiques
À la faveur des événements, de vieilles expressions reparaissent ; on parle de nouveau de « la France éternelle » et de « l’éternelle Allemagne », la place de l’adjectif suffisant à en indiquer la portée. Il faut examiner une bonne fois ces formules et savoir si elles ont un sens. Car ni la guerre ni la paix ne peuvent être conçues de la même manière, selon qu’elles ont ou non un sens. Si une nation nuisible aux autres est telle de toute éternité, le seul but qu’on puisse assigner aux négociations comme aux combats est de l’anéantir, ou du moins de l’enchaîner de chaînes capables de durer plusieurs siècles ; si une nation amoureuse de paix et de liberté pour elle-même et autrui est telle de toute éternité, on ne peut jamais lui accorder trop de puissance. Si au contraire l’esprit des nations change, le but de la politique, en guerre comme en paix, doit être de créer, du moins dans toute la mesure des possibilités humaines, des conditions de vie internationale telles que les nations qui sont paisibles le restent, et que celles qui ne le sont pas le deviennent. Il y a là deux politiques possibles, qui diffèrent presque sur tous les points. Il faut choisir. Un choix erroné serait fatal ; ne pas choisir serait pire. En 1918 on n’a pas choisi ; nous en souffrons les conséquences. [...]
Une fois terminé le grand débat de BFMTV du 4 avril 2017 entre les onze candidats à l’élection présidentielle, le service de « com » post-événementiel s’empara des antennes pour décrypter les prestations des différents candidats et ancrer dans les esprits les éléments de langage de la version officielle. Un travail de déminage indispensable si l’on se souvient que Jacques Cheminade venait de toucher deux nerfs sensibles : 1) le – gros – point commun entre Macron et Le Pen avec leur soumission respective au pouvoir de la finance et 2) la perspective d’un tsunami financier dans un proche horizon. Entre les presque cinq minutes, escamotées à Jacques Cheminade par rapport à ses concurrents – pour être ensuite jugé « absent » par les prescripteurs télévisuels – et les attaques démagogiques d’un Philippe Poutou contre l’ambulance Fillon, promptement érigées en temps fort de l’émission, l’indispensable « damage control » fût assuré.
Toujours est-il que Cheminade prit date. Comme en 1995. Sauf que cette fois-ci, le malaise concernant l’état de l’économie est bien plus perceptible. Déjà, la presse financière bruisse de rapports alarmants. Des analyses alarmistes apparaissent jusque dans la presse « grand public », qui ne peut se permettre de rater une nouvelle fois le coche. Signe que la situation est susceptible d’échapper à tout contrôle, Jacques Attali, dans une de ses dernières chroniques, livre une énième tentative d’exonérer les responsables de la situation actuelle en mettant certes en garde contre la prochaine crise financière et la situation explosive de la dette mais sans piper mot sur ce qui en constitue la plus grande menace : la finance de l’ombre.
Or, celle-ci est bien au cœur du risque de tsunami financier. Gigantesque nébuleuse, elle est constituée d’une myriade d’acteurs financiers échappant aux réglementations bancaires et opérant en toute opacité. De ce fait, elle échappe aux règles prudentielles et autres mesures prises à l’égard des banques suite à la crise de 2007-2008 (pas moins de14.000 règles édictées, dont celles de Bâle III) destinées à faire croire au public que l’on a retenu les leçons de la crise. Dans la réalité, les opérations financières de toutes natures – investissements, transactions boursières, opérations spéculatives – ont continué et prospéré de plus belle en désertant tout simplement le secteur bancaire vers des plate-forme obscures les mettant à l’abri des autorités de surveillance.[...]
Pendant la campagne présidentielle, seul Jacques Cheminade a mis en garde contre le risque imminent de Tsunami financier. Non seulement les leçons du krach de 2007/2008 n’ont pas été tirées mais l’argent gratuit déversé à plein flot par les banques centrales (FED, BCE principalement) n’a fait que multiplier les prises de risques insensées des acteurs financiers. “Sky is the limit” (le ciel est la limite) affirme le dicton américain. Les centaines de milliers de milliards de dollars de dette créés par cet politique de planche à billets électroniques (à taux zéro) s’approchent dangereusement de cette limite …
Dans ce contexte, il faut urgemment procéder à la “moralisation de la vie bancaire” en ordonnant séparation des banques en deux. Solidarité et Progrès, le parti de Jacques Cheminade, se mobilise, en pleine vacances d’été, pour défendre cette séparation en lançant une pétition et en interpelant le Parlement et le Sénat. Bonne nouvelle: d’autres formations politiques – RPS-FIERS et ACE (et bientôt d’autres) – sont parties prenantes de cette démarche.
La participation depuis novembre 2016 de Thomas Pesquet à une mission de six mois à bord de l’ISS a suscité un très vif intérêt. Même un média comme France Info, pourtant pas en reste quand il s’agissait de se moquer des propositions de Jacques Cheminade sur l’espace, a inauguré une émission hebdomadaire “envoyé spatial” en lien avec l’astronaute ainsi qu’une page web dédiée.
C’est un spectacle franchement réjouissant de voir ceux qui, hier, se moquaient du “l’huluberlu” Jacques Cheminade et de sa politique spatiale pour la France, défendre exactement cela aujourd’hui, bien sûr derrière l’image respectable de Thomas Pesquet, tout en omettant soigneusement de mentionner celui qui, le premier et sous leurs quolibets, se soit ouvertement engagé en faveur de l’espace.
Avec cette petite vidéo, remettons donc les pendules à l’heure …
A l’heure où les résultats des tests Timss et Pisa ont montré l’étendue des dégâts, S&P propose une première approche sur ce que pourrait être une autre vision pour l’éducation.
Le Groupe de réflexion sur l’éducation de Solidarité et Progrès vous propose un dossier intitulé Face à la dislocation de la société, Émanciper l’esprit humain.
Au fil des 70 pages, Bruno Abrial, Maëlle Mercier, Odile Mojon et Yannick Caroff dessinent une ébauche d’une refonte de l’école.
A l’heure de la rentrée scolaire 2016, personne ne semble satisfait.
A part peut-être la ministre de l’Éducation qui, dans sa conférence de presse du lundi 29 août, nous a servi un « tout va bien » digne d’un « ça va mieux » présidentiel…
Les professeurs ne décolèrent pas contre la réforme des collèges.
Le Snes, premier syndicat du secondaire, appelle à la grève dès le 8 septembre et à la « résistance pédagogique » dans les classes contre la réforme.
Selon Frédérique Rolet, citée dans Le Point, secrétaire générale du syndicat :
Une espèce d’incertitude [...] plane sur cette rentrée [...] due à la mise en place notamment d’une réforme du collège qui se veut holistique parce qu’elle concerne tout : le renouvellement des programmes sur quatre niveaux d’un seul coup, la mise en place de l’accompagnement personnalisé, les EPI [Enseignements pratiques interdisciplinaires], le livret scolaire unique numérique, à la fin de l’année un nouveau Diplôme national du brevet.
Nos enseignants, de réforme en réforme (et la liste est longue), ne savent plus à quel cycle se vouer, l’organisation de leur travail changeant régulièrement. « Les professeurs sont très désorientés, ils ne savent plus ce qu’on leur demande », confirme toujours dans Le Point Mme Rolet.
Le malaise est aussi perceptible chez les parents d’élèves qui constatent de plus en plus amers que, malgré les bonnes volontés de certains enseignants ou chefs d’établissement, l’école publique est devenue une usine à inégalités.
Signe de cette inquiétude grandissante, depuis 2003, le nombre d’élèves inscrits dans les établissements privés augmente, après des années de baisse ou de stagnation des effectifs (aussi bien dans le primaire que le secondaire). Depuis 2012, plus d’un enfant sur 5 est scolarisé dans le privé, soit plus de 2 millions d’élèves.
C’est dans ce contexte que le groupe de réflexion sur l’éducation de S&P vous propose d’aller à la racine du problème.
De Rousseau à Michel Pébereau, en passant par Locke et John Dewey, il tente de mettre en lumière les enjeux politiques, philosophiques (et économiques) qui, tout au long de notre histoire, ont façonné les réformes de l’Éducation.
Et surtout de raviver le combat des Humboldt, Herbart ou Jaurès, ces humanistes trop longtemps écartés de nos livres de pédagogie…
Car si l’on ne se bat pas pour instruire et éduquer au plus haut niveau tous les enfants de la République et redonner un dessein à notre société, c’est à une véritable déshumanisation de masse à laquelle, impuissants, nous assisterons. Et à un retour de la logique de classe si chère à l’ancien-régime…
Rarement le paradoxe n’aura été aussi grand: d’un côté un krach boursier ô combien prévisible et d’un potentiel dévastateur, de l’autre, avec la confirmation de l’hypothèse d’Einstein sur les ondes gravitationnelles, une découverte scientifique dont la portée est proprement révolutionnaire ! Alors : dévastation, risque de guerre ou renaissance ?
A nous de choisir et surtout, pour garantir un futur digne de ce nom, de rejoindre la résistance!
Et, comme je fais le pari du futur et de la découverte, je vous propose les deux articles ci-dessous faisant le point sur ce que représente potentiellement la confirmation de l’hypothèse d’Albert Einstein.
Des ondes gravitationnelles détectées pour la première fois: une révolution en cosmologie!
Des chercheurs américains ont observé pour la première fois les ondulations de l’espace-temps, postulées il y a 100 ans par Einstein. La «découverte du siècle» selon certains
Einstein a eu tort et raison en même temps! Ce qui lui vaut ce jour de figurer à la Une de la presse mondiale. Raison, parce qu’en 1916, le physicien a prédit l’existence de déformations de l’espace-temps appelées «ondes gravitationnelles». Et tort, parce qu’il estimait ces ondulations cosmiques indétectables, car bien trop faibles. Jeudi à Washington, des chercheurs a annoncé avoir réalisé cette prouesse, déjà qualifiée de «découverte du siècle», tant elle ouvre une nouvelle porte sur l’étude astronomique de l’Univers, jusqu’au Big-Bang.
«Nous avons détecté des ondes gravitationnelles!», a déclaré David Reitze, directeur de l’expérience LIGO, sous un tonnerre d’applaudissements, avant d’admettre qu’en voyant le signal, il ne «pouvait d’abord pas y croire». «C’est un cadeau de la Nature», a simplement ajouté Gabriela Gonzalez, porte-parole scientifique de LIGO.
Pour expliquer le concept d’«espace-temps», ce référentiel abstrait dans lequel s’inscrit l’Univers, les scientifiques aiment utiliser l’image d’un drap de lit tendu entre quatre pieux. Placez en son centre une boule de pétanque: elle y crée un creux. Plus l’objet est lourd, plus la courbure est marquée. De même, comme le drap, l’espace-temps se voit modifié par la présence des astres plus ou moins massifs.
La même métaphore sert à expliquer la force de gravitation. Lâchez sur le drap creusé une bille: sa trajectoire ne sera pas rectiligne, mais sera déviée par le creux, donc la masse le générant. Comme si la boule de pétanque avait attiré la bille vers elle lors de son passage.
Placez maintenant une deuxième boule sur ce drap, et faites tourner les deux objets ensemble autour d’un point central. Cette «danse» va imprimer au tissu des ondulations, similaires aux vagues que créent des cailloux lancés à la surface d’une marre plane. De même, les astres en mouvement dans l’Univers créeraient des vagues dans l’espace-temps, les «ondes gravitationnelles»; c’est ce qu’a postulé Einstein dans le cadre de sa théorie de relativité générale de 1915.
Un trou noir binaire, en rotation, crée des ondes gravitationnelles dans l’espace-temps (DR)
Les calculs ont ensuite suggéré que des couples d’objets célestes très massifs (trous noirs, étoiles à neutrons) pourraient générer des ondes gravitationnelles assez fortes pour déplacer les corps rencontrés sur leurs passage, de même que la vague sur l’étang fait bouger les bouées qui y flotteraient. Pour vérifier cette idée, les physiciens ont construit des expériences de taille, basées sur un vieux principe, celui de l’interféromètre.
Deux rayons orientés à angle droit et un jeu de miroirs les réfléchissant
Cet instrument met en scène deux rayons orientés et un jeu de miroirs les réfléchissant. Il permet de détecter, en scrutant les flux de lumière, si l’un des miroirs a été déplacé. Et plus les rayons sont longs, plus l’instrument est précis. Aux Etats-Unis, le consortium LIGO a construit deux interféromètres géants, l’un en Louisiane, l’autre dans l’État de Washington, avec chacun deux bras de 4 km de long placés à angle droit, et hébergeant des rayons laser, qui sont réfléchis à chaque extrémité par des miroirs.
L’appareillage, construit en 2002 mais amélioré dès 2010, est désormais sensible au point de repérer un déplacement d’un miroir correspondant à 1/10000e du diamètre d’un proton! Un décalage qui pourrait alors être le signe du passage d’une onde gravitationnelle. Et LIGO a vite tenu ces promesses.
Principe de fonctionnement d’un interféromètre du détecteur LIGO. La lumière ne parvient plus au détecteur (4) lorsqu’une onde gravitationnelle déforme le miroir (2). Le Temps/Florent Collioud
Le détecteur américain LIGO, et ses deux bras à angle droit de 4 km de long (DR)
Enclenchée en septembre 2015, les deux interféromètres de Ligo ont livré leur première trouvaille, au coeur de l’annonce faite jeudi par des chercheurs du California Institute of Technology, du MIT de Boston, et de LIGO, et publiée dans les Physical Review Letters. Et ceci simultanément, preuve qu’il s’était bien passé quelque chose. En utilisant la théorie d’Einstein, et en refaisant les calculs à l’envers, ils estiment que les ondes gravitationnelles qu’ils ont observées ont été générées par la «danse» rapprochée de deux trous noirs de 29, respectivement 36 masses solaires, qui ont fini par fusionner en se collisionant à une vitesse faramineuse correspondant à la moitié de celle de la lumière. Un événement qui aurait eu lieu il y a un milliard d’années.
Ce qui est vraiment impressionnant, ce sont les possibilités que cette détection nous ouvre. Nous venons d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur notre univers, comme Galileo l’a fait lorsqu’il a inventé la lunette astronomique
«Le signal que nous avons enregistré est très caractéristique de ce qui est prévu par la théorie de la la relativité générale lors de la coalescence de deux trous noirs massifs, confirme David Reitze, directeur de LIGO à la California Institute of Technology (Caltech). Ce qui est vraiment impressionnant, ce sont les possibilités que cette détection nous ouvre. Nous venons d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur notre univers, comme Galileo l’a fait lorsqu’il a inventé la lunette astronomique.»
Traquer un signe dans le bruit de fond
Cette découverte ne fut pas une sinécure, tant les effets des ondes gravitationnelles sont infimes, comme l’avait averti Einstein. Il a fallu détecter la signature de leur passage dans le «bruit de fond», traduisant toutes les autres raisons susceptibles d’avoir fait bouger un des miroirs de LIGO, comme un mini-tremblement de terre, ou le simple passage d’un camion… «Mais les progrès dans les méthodes d’analyse statistique ont fait d’immenses progrès, commente Ruth Durrer, professeure de physique théorique à l’Université de Genève. Aujourd’hui, les modèles permettent de repérer avec grande acuité dans les données récoltées l’événement traqué».
En l’occurrence, avec une précision de plus «5.1 sigma», selon le jargon des physiciens; sur l’échelle croissante idoine, 5 sigma est le seuil au-delà duquel les chercheurs se permettent d’annoncer une découverte, comme celle du boson de Higgs, la particule mise au jour en 2012 au CERN. Car à ce degré de précision, il est quasi impossible d’expliquer par le seul hasard l’apparition des données observées. Autrement dit, la probabilité d’erreur serait du même ordre que celle qui verrait des parasites radio reproduire une symphonie de Beethoven…
Surtout, se prémunir contre tout emballement
Mieux, les physiciens se sont prémunis contre tout emballement devant des données anormales: des spécialistes externes à LIGO sont à même d’instiller dans l’expérience de faux signaux, afin de vérifier que les scientifiques sont capables d’accomplir jusqu’au bout leur travail d’identification d’une vraie découverte. Une telle opération avait été réalisée en 2010, juste avant la fermeture de l’engin pour réfection. De quoi créer alors une immense excitation, avant que l’intervention externe ne soit rendue publique… «Mais ce genre d’exercice a servi à montrer que les détecteurs sont fiables», dit Ruth Durrer.
La collision de deux astres très massif peut générer des ondes gravitationnelles (DR)
Cette fois donc, rien d’artificiel. «Cette découverte ouvre le passionnant et gigantesque champ de l’astronomie gravitationnelle’», se réjouit la physicienne. Et d’expliquer que, jusqu’à aujourd’hui, les astres étaient analysés à l’aide du rayonnement qu’ils émettent (visible, radio, UV, rayons X,…). «Or désormais, la preuve de l’existence des ondes gravitationnelles nous offre un moyen inédit d’étudier les trous noirs, dont on sait peu de choses», ou encore les étoiles à neutrons et le cœur des astres.
En effet, à l’inverse des rayonnements connus, qui se laissent stopper par d’autres objets célestes, les ondes gravitationnelles ont un pouvoir pénétrant infiniment plus grand, et sont diffusées sur de grandes distances dans l’Univers. Au point de livrer aussi des renseignements impossibles à acquérir autrement sur les phases très primitives du cosmos et sur les événements violents qui y ont eu lieu.
Une nouvelle ère, prometteuse
«La nouvelle ère qui s’ouvre en astronomie se veut très prometteuse», a dit Rainer Weiss, du MIT, et co-fondateur de LIGO. Outre les deux interféromètres LIGO, les physiciens ont amélioré leur «frère» VIRGO, situé en Italie, qui entrera en service sous peu. Trois instrument qui permettront alors, par triangulation, de localiser dans le ciel les objets à l’origine d’ondes gravitationnelles. A commencer par le duo de trous noirs précité, dont on devine seulement «la localisation, dans les environs du nuage de Magellan», dit Gabriela Gonzalez.
Surtout, l’Agence spatiale européenne (ESA), en collaboration avec d’autres institutions, développe le projet Lisa, visant à installer vers 2030 un interféromètre dans l’espace, avec des bras gigantesques d’un million de km, donc encore plus précis. «Maintenant que l’on sait que ces ondes gravitationnelles existent, construire ces instruments du futur n’est que plus souhaitable», plaide Ruth Durrer.
Les futurs projets de détecteurs d’ondes gravitationnelles Le Temps/Florent Collioud
Le détecteur Lisa devrait être lancé vers 2030 par l’Agence spatiale européenne (ESA): il sera composée de trois sondes séparées chacune d’un millions de km, cette distance équivalent aussi aux bras de l’interféromètre (EADS)
Modifier la vision des trous noirs
Une application concrète de la découverte des ondes gravitationnelles pourrait avoir lieu dans un domaine inattendu: le cinéma. Kip Thorne, physicien au California Institute of Technology et cofondateur de l’instrument LIGO, a également été le conseiller pour le film «Interstellar» dans la conception de la visualisation du trou noir au cœur du long-métrage.
Croisé lors de l’annonce des résultats de LIGO, il explique, dans cette vidéo, que la suite «Interstellar 2» intégrera sans doute les connaissances acquises grâce aux ondes gravitationnelles afin d’obtenir des trous noirs encore plus réalistes.
Demain, mercredi 16 décembre, à la nuit tombée (visiblement dans l’espoir que la majorité des députés seront tranquillement dans leur foyer et dormiront sur leurs deux oreilles), M. Jean-Jacques Urvoas et ses acolytes tâcheront de faire passer deux projets de loi portant réforme des “règles applicables à l’élection présidentielle“.
Le citoyen “de base” pourrait légitimement penser qu’en ces temps tragiques pour la France (un mois après les attentats du 13 novembre, une semaine après un premier tour des Régionales dominé par le FN) et pour le monde les priorités du gouvernement sont ailleurs, que celui-ci a vraiment d’autres chats à fouetter. Que nenni !
Il semblerait même qu’il y ait “le feu au lac” puisque le projet de loi en question a été mis en procédure accélérée, permettant ainsi de le faire passer en cachette avant que les citoyens, qui n’en comprendraient pas forcément les enjeux, ne soient placés devant le fait accompli.
Alors justement, parlons des enjeux. En 1962, de Gaulle faisait adopter par référendum, contre les partis établis, l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Le peuple vota massivement (à 62%) en faveur de la proposition du président de Gaulle et ce, malgré l’hostilité quasi absolue de la classe politique en place.
L’enjeu était de permettre un contact direct entre la population et le pouvoir et surtout d’en finir avec le contrôle féodal des machines des partis sur la vie politique. En décidant de confier aux élus et aux maires des communes, des plus petites aux plus grandes, le soin de présenter les candidats (l’engagement écrit par lequel un élu qualifie un candidat, qu’il se reconnaisse ou non dans ses idées) [...]
Quand, en 1944, Marc Bloch[1] tente de comprendre les origines de l’humiliante défaite que vient de subir la France, il constate : « Qu’il s’agisse de stratégie, de pratique administrative ou, simplement, de résistance morale, notre effondrement a été avant tout, chez nos dirigeants et (pourquoi ne pas avoir le courage de l’avouer ?) dans toute une partie de notre peuple, une défaite à la fois de l’intelligence et du caractère. C’est dire que, parmi ses causes profondes, les insuffisances de la formation que notre société donnait à ses jeunes ont figuré au premier rang. ».
Soixante-dix ans plus tard, alors que la société française est cette fois-ci confrontée à une Berezina morale et intellectuelle qui menace ses fondements, il y a une impérieuse nécessité de retrouver une école dont la raison d’être soit, précisément, de former l’intelligence et le caractère.
Illetrisme par Jiho, dans Altermonde-sans-frontières
En effet, l’incapacité des 20 % d’élèves ne sachant pas lire couramment le français à leur entrée en sixième est un des éléments signant l’acte d’accusation contre ceux qui ont méthodiquement organisé la destruction de l’éducation au travers de réformes dont celle de Mme Vallaud Belkacem n’est que le dernier avatar. Bien sûr, des réformes étaient nécessaires, mais ce qui a justifié celles mises en place n’a rien à voir avec la question fondamentale et éminemment politique de savoir quel type d’homme et de femme la France doit créer pour ne pas s’effondrer de nouveau.
La réforme Jospin de 1989 a joué un rôle essentiel pour détourner l’école de sa mission première. Sous le prétexte démagogique de « placer l’enfant au cœur du système éducatif » elle en chassait la formation de l’esprit qui l’occupait tant bien que mal jusque là. Quant à la transformation de l’école en « lieu de vie », elle dépouillait les enseignants de leur rôle au profit d’un pédago-sociologisme dans la droite ligne de l’ingénierie sociale si bien mise en scène par Aldous Huxley dans le « Meilleur des mondes ». Que cela ait été voulu ou non, cette réforme s’avéra très cohérente avec l’entrée en vigueur de la libéralisation des services suite à l’Accord de Marrakech de 1994, qui fit du système scolaire (rebaptisé – la différence n’est pas anodine – système éducatif) un service marchand ouvert à la concurrence. Ceci nécessitait, notamment, qu’un processus par nature peu quantifiable et difficilement monnayable soit reconverti en un produit échangeable sur les marchés. La succession des réformes n’a eu d’autres buts que d’adapter l’école, le lycée et l’université à ce nouveau marché entièrement basé sur la concurrence.
Ainsi, les intérêts marchands entraient finalement en phase avec les préoccupations des parents, [...]
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