Je viens de signer la pétition pour empêcher la dissolution décrétée par #Macron du corps diplomatique français. Cette dissolution ne peut qu’aboutir à l’élimination de la voix et de la présence de la France dans les affaires internationales, tout en mettant celle-ci à la remorque des intérêts d’une Union européenne entièrement otanisée – Alors que la guerre revient en Europe, la France doit garder sa #diplomatie professionnelle! – Signez la pétition ! https://chng.it/qhWRGvWd via @ChangeFrance
Selon le Figaro du 19 avril, la suppression du corps diplomatique était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron sur la réforme de la haute fonction publique. Son officialisation par décret du 18 avril n’en est que plus significative. C’est bien à la toute fin de son mandat, fort d’un recul de cinq ans ayant laissé toute latitude de mesurer l’impact d’une telle mesure et dans un contexte de soulèvement contre la casse organisée de la France, que le chef de l’Etat persiste et signe. Cette suppression s’ajoute à celle procédant de la même logique du corps préfectoral.
Comme l’a souligné l’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud “Une histoire pluriséculaire s’achève avec la suppression du Corps Diplomatique”. Sans parler de la perte de ses réseaux de par le monde, cette mesure affaiblira considérablement la France et “liquidera” toute velléité de politique étrangère indépendante. L’époque où la voix de la France était attendue et écoutée de par le monde comme celle de la raison, de la justice et de l’équilibre entre les grandes puissances sera révolue avec la disparitions de ce corps dont la France était l’un des rares pays à être doté. La diplomatie n’est pas une métier qui s’improvise, il y faut un personnel compétent, pointu et qualifié dans plusieurs domaines très spécifques, à commencer par la maîtrise de langues et de cultures très diverses. Et dorénavant, si le recrutement se fera toujours par concours, celui-ci sera généraliste, ce qui amènera à recruter des personnes n’ayant aucune expérience dans la diplomatie, des individus interchangeables en fonction des désidératas du moment, des personnes venant de secteurs sans aucun lien avec la diplomatie et sans le degré de formation et d’expertise indispensable dans une fonction aussi sensible.
Nous l’avons dit, c’est un affaiblissement de la France, par celui-là même qui a la charge de la défendre, en la dépouillant de sa souveraineté au gré de transferts vers l’Union européenne, sous couvert de mutualisation, un concept très cher à Emmanuel Macron. Concrètement, au nom de cette mutualisation de la politique étrangère de la France, il est à craindre que la France ne soit plus représentée dans tel ou tel pays s’il était estimé qu’un ambassadeur “européen” – d’un quelconque pays autre que la France – “ferait l’affaire”. Plus encore, dompte-tenu de la furie européiste d’Emmanuel Macron, il est impératif de s’interroger sur ses plans concernant notre siège au Conseil de sécurité des Nations unies que détient la France, dont on sait que certains aimeraient nous dépouiller. [...]
Le 7 mai 1824, il y a 195 ans, Beethoven dirige en personne la première exécution de sa 9ème symphonie devant la salle comble du théâtre Kärtnetor. C’est le fameux épisode où le compositeur, tournant le dos au public, totalement sourd, les yeux fermés tout en suivant intérieurement son œuvre, continue de battre la mesure alors que l’orchestre s’est arrêtée depuis quelques secondes. Il n’entend rien de l’enthousiasme délirant qui s’est emparé du public avant que la soprano soliste ne le fasse se retourner …
L’anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République s’est évidemment accompagné d’une kyrielle d’articles tentant de définir un premier bilan. A leur lecture, les qualificatifs “monarchique”, “jupitérien”, “napoléonien” reviennent en boucle pour désigner un homme que la colère, l’inquiétude et la frustration de ses concitoyens semblent laisser de marbre.
D’autant que, dans l’attitude mûrement réfléchie d’Emmanuel Macron, dans l’expression des changements provoqués par un an de pouvoir, apparaissent ces traits de dureté, d’orgueil et d’insensibilité propres aux personnalités inclinées à nourrir le culte de leur personne envers leurs adorateurs. Pour ne rien arranger, certaines déclarations extravagantes de ses proches (Marlène Schiappa, Christophe Castaner pour n’en citer que deux) laissent craindre qu’au plus haut de l’Etat, on ne commence à perdre la tête. Ces caractéristiques, dont la dimension cultiste pourrait n’être que tragi-comique en d’autres circonstances, sont tout de même suffisamment marquées pour m’avoir irrésistiblement évoqué, venant de cet homme qui se veut habité par un destin grandiose, le texte remarquable de Simone Weil où elle traite des origines de l’hitlérisme (sic). Elle y aborde les deux périodes historiques où la France a fait – par la force et sur une base des plus contestables - la pluie et le beau temps dans le monde, emmenée par des chefs d’Etat qui pensaient que la grandeur signifiait écraser les autres. [...]
Une fois terminé le grand débat de BFMTV du 4 avril 2017 entre les onze candidats à l’élection présidentielle, le service de « com » post-événementiel s’empara des antennes pour décrypter les prestations des différents candidats et ancrer dans les esprits les éléments de langage de la version officielle. Un travail de déminage indispensable si l’on se souvient que Jacques Cheminade venait de toucher deux nerfs sensibles : 1) le – gros – point commun entre Macron et Le Pen avec leur soumission respective au pouvoir de la finance et 2) la perspective d’un tsunami financier dans un proche horizon. Entre les presque cinq minutes, escamotées à Jacques Cheminade par rapport à ses concurrents – pour être ensuite jugé « absent » par les prescripteurs télévisuels – et les attaques démagogiques d’un Philippe Poutou contre l’ambulance Fillon, promptement érigées en temps fort de l’émission, l’indispensable « damage control » fût assuré.
Toujours est-il que Cheminade prit date. Comme en 1995. Sauf que cette fois-ci, le malaise concernant l’état de l’économie est bien plus perceptible. Déjà, la presse financière bruisse de rapports alarmants. Des analyses alarmistes apparaissent jusque dans la presse « grand public », qui ne peut se permettre de rater une nouvelle fois le coche. Signe que la situation est susceptible d’échapper à tout contrôle, Jacques Attali, dans une de ses dernières chroniques, livre une énième tentative d’exonérer les responsables de la situation actuelle en mettant certes en garde contre la prochaine crise financière et la situation explosive de la dette mais sans piper mot sur ce qui en constitue la plus grande menace : la finance de l’ombre.
Or, celle-ci est bien au cœur du risque de tsunami financier. Gigantesque nébuleuse, elle est constituée d’une myriade d’acteurs financiers échappant aux réglementations bancaires et opérant en toute opacité. De ce fait, elle échappe aux règles prudentielles et autres mesures prises à l’égard des banques suite à la crise de 2007-2008 (pas moins de14.000 règles édictées, dont celles de Bâle III) destinées à faire croire au public que l’on a retenu les leçons de la crise. Dans la réalité, les opérations financières de toutes natures – investissements, transactions boursières, opérations spéculatives – ont continué et prospéré de plus belle en désertant tout simplement le secteur bancaire vers des plate-forme obscures les mettant à l’abri des autorités de surveillance.[...]
Pendant la campagne présidentielle, seul Jacques Cheminade a mis en garde contre le risque imminent de Tsunami financier. Non seulement les leçons du krach de 2007/2008 n’ont pas été tirées mais l’argent gratuit déversé à plein flot par les banques centrales (FED, BCE principalement) n’a fait que multiplier les prises de risques insensées des acteurs financiers. “Sky is the limit” (le ciel est la limite) affirme le dicton américain. Les centaines de milliers de milliards de dollars de dette créés par cet politique de planche à billets électroniques (à taux zéro) s’approchent dangereusement de cette limite …
Dans ce contexte, il faut urgemment procéder à la “moralisation de la vie bancaire” en ordonnant séparation des banques en deux. Solidarité et Progrès, le parti de Jacques Cheminade, se mobilise, en pleine vacances d’été, pour défendre cette séparation en lançant une pétition et en interpelant le Parlement et le Sénat. Bonne nouvelle: d’autres formations politiques – RPS-FIERS et ACE (et bientôt d’autres) – sont parties prenantes de cette démarche.
La participation depuis novembre 2016 de Thomas Pesquet à une mission de six mois à bord de l’ISS a suscité un très vif intérêt. Même un média comme France Info, pourtant pas en reste quand il s’agissait de se moquer des propositions de Jacques Cheminade sur l’espace, a inauguré une émission hebdomadaire “envoyé spatial” en lien avec l’astronaute ainsi qu’une page web dédiée.
C’est un spectacle franchement réjouissant de voir ceux qui, hier, se moquaient du “l’huluberlu” Jacques Cheminade et de sa politique spatiale pour la France, défendre exactement cela aujourd’hui, bien sûr derrière l’image respectable de Thomas Pesquet, tout en omettant soigneusement de mentionner celui qui, le premier et sous leurs quolibets, se soit ouvertement engagé en faveur de l’espace.
Avec cette petite vidéo, remettons donc les pendules à l’heure …
A l’heure où les résultats des tests Timss et Pisa ont montré l’étendue des dégâts, S&P propose une première approche sur ce que pourrait être une autre vision pour l’éducation.
Le Groupe de réflexion sur l’éducation de Solidarité et Progrès vous propose un dossier intitulé Face à la dislocation de la société, Émanciper l’esprit humain.
Au fil des 70 pages, Bruno Abrial, Maëlle Mercier, Odile Mojon et Yannick Caroff dessinent une ébauche d’une refonte de l’école.
A l’heure de la rentrée scolaire 2016, personne ne semble satisfait.
A part peut-être la ministre de l’Éducation qui, dans sa conférence de presse du lundi 29 août, nous a servi un « tout va bien » digne d’un « ça va mieux » présidentiel…
Les professeurs ne décolèrent pas contre la réforme des collèges.
Le Snes, premier syndicat du secondaire, appelle à la grève dès le 8 septembre et à la « résistance pédagogique » dans les classes contre la réforme.
Selon Frédérique Rolet, citée dans Le Point, secrétaire générale du syndicat :
Une espèce d’incertitude [...] plane sur cette rentrée [...] due à la mise en place notamment d’une réforme du collège qui se veut holistique parce qu’elle concerne tout : le renouvellement des programmes sur quatre niveaux d’un seul coup, la mise en place de l’accompagnement personnalisé, les EPI [Enseignements pratiques interdisciplinaires], le livret scolaire unique numérique, à la fin de l’année un nouveau Diplôme national du brevet.
Nos enseignants, de réforme en réforme (et la liste est longue), ne savent plus à quel cycle se vouer, l’organisation de leur travail changeant régulièrement. « Les professeurs sont très désorientés, ils ne savent plus ce qu’on leur demande », confirme toujours dans Le Point Mme Rolet.
Le malaise est aussi perceptible chez les parents d’élèves qui constatent de plus en plus amers que, malgré les bonnes volontés de certains enseignants ou chefs d’établissement, l’école publique est devenue une usine à inégalités.
Signe de cette inquiétude grandissante, depuis 2003, le nombre d’élèves inscrits dans les établissements privés augmente, après des années de baisse ou de stagnation des effectifs (aussi bien dans le primaire que le secondaire). Depuis 2012, plus d’un enfant sur 5 est scolarisé dans le privé, soit plus de 2 millions d’élèves.
C’est dans ce contexte que le groupe de réflexion sur l’éducation de S&P vous propose d’aller à la racine du problème.
De Rousseau à Michel Pébereau, en passant par Locke et John Dewey, il tente de mettre en lumière les enjeux politiques, philosophiques (et économiques) qui, tout au long de notre histoire, ont façonné les réformes de l’Éducation.
Et surtout de raviver le combat des Humboldt, Herbart ou Jaurès, ces humanistes trop longtemps écartés de nos livres de pédagogie…
Car si l’on ne se bat pas pour instruire et éduquer au plus haut niveau tous les enfants de la République et redonner un dessein à notre société, c’est à une véritable déshumanisation de masse à laquelle, impuissants, nous assisterons. Et à un retour de la logique de classe si chère à l’ancien-régime…
Rarement le paradoxe n’aura été aussi grand: d’un côté un krach boursier ô combien prévisible et d’un potentiel dévastateur, de l’autre, avec la confirmation de l’hypothèse d’Einstein sur les ondes gravitationnelles, une découverte scientifique dont la portée est proprement révolutionnaire ! Alors : dévastation, risque de guerre ou renaissance ?
A nous de choisir et surtout, pour garantir un futur digne de ce nom, de rejoindre la résistance!
Et, comme je fais le pari du futur et de la découverte, je vous propose les deux articles ci-dessous faisant le point sur ce que représente potentiellement la confirmation de l’hypothèse d’Albert Einstein.
Des ondes gravitationnelles détectées pour la première fois: une révolution en cosmologie!
Des chercheurs américains ont observé pour la première fois les ondulations de l’espace-temps, postulées il y a 100 ans par Einstein. La «découverte du siècle» selon certains
Einstein a eu tort et raison en même temps! Ce qui lui vaut ce jour de figurer à la Une de la presse mondiale. Raison, parce qu’en 1916, le physicien a prédit l’existence de déformations de l’espace-temps appelées «ondes gravitationnelles». Et tort, parce qu’il estimait ces ondulations cosmiques indétectables, car bien trop faibles. Jeudi à Washington, des chercheurs a annoncé avoir réalisé cette prouesse, déjà qualifiée de «découverte du siècle», tant elle ouvre une nouvelle porte sur l’étude astronomique de l’Univers, jusqu’au Big-Bang.
«Nous avons détecté des ondes gravitationnelles!», a déclaré David Reitze, directeur de l’expérience LIGO, sous un tonnerre d’applaudissements, avant d’admettre qu’en voyant le signal, il ne «pouvait d’abord pas y croire». «C’est un cadeau de la Nature», a simplement ajouté Gabriela Gonzalez, porte-parole scientifique de LIGO.
Pour expliquer le concept d’«espace-temps», ce référentiel abstrait dans lequel s’inscrit l’Univers, les scientifiques aiment utiliser l’image d’un drap de lit tendu entre quatre pieux. Placez en son centre une boule de pétanque: elle y crée un creux. Plus l’objet est lourd, plus la courbure est marquée. De même, comme le drap, l’espace-temps se voit modifié par la présence des astres plus ou moins massifs.
La même métaphore sert à expliquer la force de gravitation. Lâchez sur le drap creusé une bille: sa trajectoire ne sera pas rectiligne, mais sera déviée par le creux, donc la masse le générant. Comme si la boule de pétanque avait attiré la bille vers elle lors de son passage.
Placez maintenant une deuxième boule sur ce drap, et faites tourner les deux objets ensemble autour d’un point central. Cette «danse» va imprimer au tissu des ondulations, similaires aux vagues que créent des cailloux lancés à la surface d’une marre plane. De même, les astres en mouvement dans l’Univers créeraient des vagues dans l’espace-temps, les «ondes gravitationnelles»; c’est ce qu’a postulé Einstein dans le cadre de sa théorie de relativité générale de 1915.
Un trou noir binaire, en rotation, crée des ondes gravitationnelles dans l’espace-temps (DR)
Les calculs ont ensuite suggéré que des couples d’objets célestes très massifs (trous noirs, étoiles à neutrons) pourraient générer des ondes gravitationnelles assez fortes pour déplacer les corps rencontrés sur leurs passage, de même que la vague sur l’étang fait bouger les bouées qui y flotteraient. Pour vérifier cette idée, les physiciens ont construit des expériences de taille, basées sur un vieux principe, celui de l’interféromètre.
Deux rayons orientés à angle droit et un jeu de miroirs les réfléchissant
Cet instrument met en scène deux rayons orientés et un jeu de miroirs les réfléchissant. Il permet de détecter, en scrutant les flux de lumière, si l’un des miroirs a été déplacé. Et plus les rayons sont longs, plus l’instrument est précis. Aux Etats-Unis, le consortium LIGO a construit deux interféromètres géants, l’un en Louisiane, l’autre dans l’État de Washington, avec chacun deux bras de 4 km de long placés à angle droit, et hébergeant des rayons laser, qui sont réfléchis à chaque extrémité par des miroirs.
L’appareillage, construit en 2002 mais amélioré dès 2010, est désormais sensible au point de repérer un déplacement d’un miroir correspondant à 1/10000e du diamètre d’un proton! Un décalage qui pourrait alors être le signe du passage d’une onde gravitationnelle. Et LIGO a vite tenu ces promesses.
Principe de fonctionnement d’un interféromètre du détecteur LIGO. La lumière ne parvient plus au détecteur (4) lorsqu’une onde gravitationnelle déforme le miroir (2). Le Temps/Florent Collioud
Le détecteur américain LIGO, et ses deux bras à angle droit de 4 km de long (DR)
Enclenchée en septembre 2015, les deux interféromètres de Ligo ont livré leur première trouvaille, au coeur de l’annonce faite jeudi par des chercheurs du California Institute of Technology, du MIT de Boston, et de LIGO, et publiée dans les Physical Review Letters. Et ceci simultanément, preuve qu’il s’était bien passé quelque chose. En utilisant la théorie d’Einstein, et en refaisant les calculs à l’envers, ils estiment que les ondes gravitationnelles qu’ils ont observées ont été générées par la «danse» rapprochée de deux trous noirs de 29, respectivement 36 masses solaires, qui ont fini par fusionner en se collisionant à une vitesse faramineuse correspondant à la moitié de celle de la lumière. Un événement qui aurait eu lieu il y a un milliard d’années.
Ce qui est vraiment impressionnant, ce sont les possibilités que cette détection nous ouvre. Nous venons d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur notre univers, comme Galileo l’a fait lorsqu’il a inventé la lunette astronomique
«Le signal que nous avons enregistré est très caractéristique de ce qui est prévu par la théorie de la la relativité générale lors de la coalescence de deux trous noirs massifs, confirme David Reitze, directeur de LIGO à la California Institute of Technology (Caltech). Ce qui est vraiment impressionnant, ce sont les possibilités que cette détection nous ouvre. Nous venons d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur notre univers, comme Galileo l’a fait lorsqu’il a inventé la lunette astronomique.»
Traquer un signe dans le bruit de fond
Cette découverte ne fut pas une sinécure, tant les effets des ondes gravitationnelles sont infimes, comme l’avait averti Einstein. Il a fallu détecter la signature de leur passage dans le «bruit de fond», traduisant toutes les autres raisons susceptibles d’avoir fait bouger un des miroirs de LIGO, comme un mini-tremblement de terre, ou le simple passage d’un camion… «Mais les progrès dans les méthodes d’analyse statistique ont fait d’immenses progrès, commente Ruth Durrer, professeure de physique théorique à l’Université de Genève. Aujourd’hui, les modèles permettent de repérer avec grande acuité dans les données récoltées l’événement traqué».
En l’occurrence, avec une précision de plus «5.1 sigma», selon le jargon des physiciens; sur l’échelle croissante idoine, 5 sigma est le seuil au-delà duquel les chercheurs se permettent d’annoncer une découverte, comme celle du boson de Higgs, la particule mise au jour en 2012 au CERN. Car à ce degré de précision, il est quasi impossible d’expliquer par le seul hasard l’apparition des données observées. Autrement dit, la probabilité d’erreur serait du même ordre que celle qui verrait des parasites radio reproduire une symphonie de Beethoven…
Surtout, se prémunir contre tout emballement
Mieux, les physiciens se sont prémunis contre tout emballement devant des données anormales: des spécialistes externes à LIGO sont à même d’instiller dans l’expérience de faux signaux, afin de vérifier que les scientifiques sont capables d’accomplir jusqu’au bout leur travail d’identification d’une vraie découverte. Une telle opération avait été réalisée en 2010, juste avant la fermeture de l’engin pour réfection. De quoi créer alors une immense excitation, avant que l’intervention externe ne soit rendue publique… «Mais ce genre d’exercice a servi à montrer que les détecteurs sont fiables», dit Ruth Durrer.
La collision de deux astres très massif peut générer des ondes gravitationnelles (DR)
Cette fois donc, rien d’artificiel. «Cette découverte ouvre le passionnant et gigantesque champ de l’astronomie gravitationnelle’», se réjouit la physicienne. Et d’expliquer que, jusqu’à aujourd’hui, les astres étaient analysés à l’aide du rayonnement qu’ils émettent (visible, radio, UV, rayons X,…). «Or désormais, la preuve de l’existence des ondes gravitationnelles nous offre un moyen inédit d’étudier les trous noirs, dont on sait peu de choses», ou encore les étoiles à neutrons et le cœur des astres.
En effet, à l’inverse des rayonnements connus, qui se laissent stopper par d’autres objets célestes, les ondes gravitationnelles ont un pouvoir pénétrant infiniment plus grand, et sont diffusées sur de grandes distances dans l’Univers. Au point de livrer aussi des renseignements impossibles à acquérir autrement sur les phases très primitives du cosmos et sur les événements violents qui y ont eu lieu.
Une nouvelle ère, prometteuse
«La nouvelle ère qui s’ouvre en astronomie se veut très prometteuse», a dit Rainer Weiss, du MIT, et co-fondateur de LIGO. Outre les deux interféromètres LIGO, les physiciens ont amélioré leur «frère» VIRGO, situé en Italie, qui entrera en service sous peu. Trois instrument qui permettront alors, par triangulation, de localiser dans le ciel les objets à l’origine d’ondes gravitationnelles. A commencer par le duo de trous noirs précité, dont on devine seulement «la localisation, dans les environs du nuage de Magellan», dit Gabriela Gonzalez.
Surtout, l’Agence spatiale européenne (ESA), en collaboration avec d’autres institutions, développe le projet Lisa, visant à installer vers 2030 un interféromètre dans l’espace, avec des bras gigantesques d’un million de km, donc encore plus précis. «Maintenant que l’on sait que ces ondes gravitationnelles existent, construire ces instruments du futur n’est que plus souhaitable», plaide Ruth Durrer.
Les futurs projets de détecteurs d’ondes gravitationnelles Le Temps/Florent Collioud
Le détecteur Lisa devrait être lancé vers 2030 par l’Agence spatiale européenne (ESA): il sera composée de trois sondes séparées chacune d’un millions de km, cette distance équivalent aussi aux bras de l’interféromètre (EADS)
Modifier la vision des trous noirs
Une application concrète de la découverte des ondes gravitationnelles pourrait avoir lieu dans un domaine inattendu: le cinéma. Kip Thorne, physicien au California Institute of Technology et cofondateur de l’instrument LIGO, a également été le conseiller pour le film «Interstellar» dans la conception de la visualisation du trou noir au cœur du long-métrage.
Croisé lors de l’annonce des résultats de LIGO, il explique, dans cette vidéo, que la suite «Interstellar 2» intégrera sans doute les connaissances acquises grâce aux ondes gravitationnelles afin d’obtenir des trous noirs encore plus réalistes.
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